L’Eau Du Duc
José PARRONDO
Préface de Claire DARTOIS
José Parrondo est un drôle de loustic. Il écrit des histoires avec des bouts de ficelles, des biscuits chocolatés, des robinets et des tortillas et on y croit. On voyage dans le temps, ou dans des conduites d'eau, on s'endort après des pizzas trop copieuses, les chevaux se transforment en télévision, mais le monde reste sympathique. Bien sûr il y a les méchants, mais ils sont trop burlesques pour faire peur. Les gentils sont trop malins pour être regardés comme de braves crétins : ils sont, au besoin, une association de malfaiteurs...
Comment fait-il marcher ses histoires ? À sa disposition Parrondo a un grand magasin de souvenirs madrilènes (avec des marchands de jeux, des petits soldats et même l'odeur de la boutique) et des souvenirs liégeois, un Catalogue des Armes et Cycles détaillé, des Encyclopédies Dépareillées où il puise de drôles de machines et des folles situations. Il en fait ensuite une compilation absurdo-comique très personnelle. Il a aussi dans son attirail un sens aigu de la réplique, un humour toujours léger, des situations à la Queneau. On ne perd jamais le fil, on est entrainé sur le champ de tir de James Bong, invité chez madame Mirza par des démonstrations de physique amusante, sans même penser à finir sa pizza.
Dans " l'attaque des Zogos" il nous donne un PREMIER INDICE sur son travail de créateur :
" Les Zogos ont la faculté de se transformer en ce qu'ils veulent. Ça s'appelle de l'AUTOPOLYFORMOTRANSFORMISME ".
Donc Parrondo est un Zogo, CQFD.
Parrondo écrit des feuilletons populaires comme au 19ème siècle et l'on a des pincements zygomatiques dès la page de couverture. Les formats et les supports varient : des carnets, des livres chez "Gros Lard" éditions et aujourd'hui " L'eau du Duc " qui s'est coulée aux dimensions du Lézard.
DEUXIÈME INDICE : Parrondo, comme le savant Cosinus, a domestiqué la Machine. Les armes blanches ou à feu n'ont plus de secret pour lui. Il collectionne des témoignages de la civilisation industrielle dans son musée personnel à Liège. Il ne les dessine comme personne.
Parrondo est un amuseur, et de la meilleure espèce, puisqu'il prend notre santé mentale très au sérieux. Lire l'un de ses opuscules le lundi matin dans le métro vous réconcilie avec les brutes épaisses et les hyènes de la ligne Chatelet - Mairie des Lilas et vous fait entrevoir une semaine riche de surprises.
TROISIÈME INDICE : la géographie personnelle de Parrondo est à géométrie variable. On passe de la Belgique à 'Espagne à toute vitesse, on échoue sur des "no man's land" où errent des aviateurs déboussolés, on mange des tortillas sans quitter son quartier. C'est bon l'ubiquité ! Cela dit, les hoquets spatio-temporels aussi. Et l'Eau du Duc est donc recommandée à tous les âges.
